Votre logique traumatise votre enfant !
Thomas a 12 ans, il aime le foot comme son père.
Naturellement, on l’a inscrit au club de foot le plus proche.
Petit à petit, on sent une baisse dans la motivation de Thomas. Il paraît de moins en moins enthousiasme à l’idée d’aller au foot jusqu’au jour où il dit clairement « je n’aime pas le foot ».
Jeanne, sa mère, s’énerve aussitôt et lui répond :
« Comment ça tu n’aimes pas le foot ? Première nouvelle !Tu voulais absolument jouer au foot. Je t’ai acheté ton équipement, je t’ai inscrit, j’ai payé pour l’année et tu me dis que tu n’aimes pas le foot ? »
Thomas a DOUZE ans.
Thomas découvre le monde et se découvre depuis seulement 12 petites années.
Il apprend à communiquer avec des mots depuis peu de temps. Mettre des mots sur des émotions est une tâche très difficile.
On sait tous qu’il y a une différence entre ce qu’on dit et ce que les gens comprennent.
Si on ajoute à cela le vocabulaire plus ou moins grand de chacun et la sensibilité de chacun aux mots..
C’est déjà compliqué pour nous entre adultes alors pour un enfant..
Thomas a dit qu’il n’aime pas le foot car, à ce moment, ce sont les meilleurs mots qu’il sait utiliser pour exprimer ce qu’il ressent.
L’entraîneur lui a crié dessus une fois, un joueur l’embête, Thomas n’aime pas l’ambiance dans l’équipe, il se sent moins bon que les autres et a l’impression d’être une gêne pour l’équipe, etc.
Voilà un tas de raisons qui peuvent donner envie à Thomas d’arrêter le foot dans CE club.
On est en droit de se dire : Mais pourquoi il ne le dit pas carrément ?
Rappelons que Thomas n’a que douze ans.
Et,
Tout s’apprend !
Je me rappelle d’un père me disant « oui mais à 16 ans on a déjà une certaine maturité ».
On ne se réveille pas à 16 ans en se disant « ok je suis mature ». C’est un processus qui s’étale sur des années.
Pour qu’un enfant communique mieux, il faut l’entraîner à mieux communiquer.
C’est évident. Et pourtant..
Un enfant doit se sentir capable de TOUT dire à ses parents et les parents doivent entraîner leur enfant à s’exprimer avec respect.
Malheureusement, même dans les familles où « tout se passe bien », il arrive souvent que l’enfant se taise car il ne sent pas écouté ou compris.
Le comble étant que ces parents sont convaincus d’être à l’écoute.
Dans bien des cas, ils écoutent trop avec leur cerveau et pas assez avec leur coeur.
Pourquoi la logique traumatise
La réponse de Jeanne est tout à fait logique.
Thomas aimait le foot et pour cela ses parents ont accepté de faire des efforts financiers comme organisationnels. Jeanne doit-elle prendre sur elle et tout changer parce que Thomas « n’aime plus » le foot ?
Avant de répondre à cela, il faudrait déjà savoir POURQUOI Thomas pense/dit ça.
Les mots qu’on emploie sont des MOYENS qui permettent d’exprimer des BESOINS.
Par exemple, Jeanne n’a pas BESOIN que Thomas continue le foot. Elle a besoin qu’il comprenne les efforts de sa mère et qu’il les respecte. Elle a aussi besoin qu’il s’exprime davantage.
De la même façon, Thomas n’a pas BESOIN d’arrêter le foot. Il a besoin de se sentir bien dans une activité qu’il aime. S’il y a quelque chose dans CE club qui le fait se sentir mal alors qu’il aime le foot, il risque de finir par haïr le foot.
Les mots prononcés par chacun sont des MOYENS maladroits d’exprimer ces besoins. Tant que Jeanne écoutera avec son cerveau, elle passera à côté de bien des discussions.
Écouter avec son coeur
Quand on analyse les BESOINS et non les MOYENS, on comprend que TOUT LE MONDE a raison. Le problème est qu’on ne parle pas de la même chose.
Thomas évoque un besoin et Jeanne un autre.
Comme les parents ont le dernier mot, les enfants s’habituent à comprimer leur ressenti, leurs besoins. Ils se soumettent.
Ou, ils s’expriment encore plus fort. Ils se rebellent.
Est-ce là votre objectif avec votre enfant ?
Oui mais..
Il y a toujours un parent pour répondre : « Il faut arrêter de faire les parents culpabiliser. Certains enfants sont comme ça et puis c’est tout. »
Que cette théorie soit vraie ou fausse, je suis sûr d’une chose : Trop d’enfants sont considérés irrécupérables alors que non.
J’ai rencontré une mère qui me dit : « Mon enfant est fainéant, je le sais et il le sait. »
Que lui répondre à part : « Si tout le monde le sait, pourquoi voulez-vous qu’il change ? Vous avez déjà dit qu’il est comme ça. C’est sa définition. » ?
Nous avons tous de bonnes raisons de penser qu’on a raison. Et, sur une échelle de temps suffisamment longue, on se rend compte qu’on a très souvent tort.
Par exemple, notre école ne se base pas sur les surdoués pour concevoir ses programmes. Elle se base sur l’élève moyen, la moyenne des élèves.
Avoir 20 c’est être dans la moyenne.
Pourtant, beaucoup d’élèves voient cette note comme un exploit réservé aux intellos bizarres.
Et, quand ils deviennent adultes voire parents, ils exigent de leurs enfants qu’ils travaillent plus. En effet, avec le recul, ils se rendent compte que c’est accessible.
D’ailleurs, certains pensent se sauver en disant qu’à leur époque c’était plus dur..
Il n’y a aucune raison logique à se croire incapable d’avoir de bonnes notes à l’école.
La seule raison valable est émotionnelle.
Quelle image a votre enfant de lui ?
Travailler/apprendre est pour lui un plaisir ou une corvée ?
Est-il motivé ? ambitieux ?
Attention à vos réponses.
Parfois, la pire chose que votre enfant puisse faire c’est vous donner raison.
PS : Rappelez-vous que le plus important n’est pas Vérité. C’est la perception que votre enfant a de la réalité.
Originally published at mathmaniac.fr on December 13, 2018.