Quand nous parlons de la tolérance, nous nous concentrons sur l’objet que nous devrions tolérer ou non. Analysons les choses autrement. Parlons de nous à travers notre relation avec l’objet avant de parler de l’objet. Nous arrivons alors à cette idée :
Tolérer l’intolérance c’est aussi tolérer cette part de nous qui ne tolère pas.
Pour être plus précis et pertinent, remplaçons pendant un moment la tolérance par l’acceptation. L’acceptation, c’est aussi accepter cette part de nous qui n’accepte pas.
Pourquoi on n’accepte pas?
Si on se concentre sur les objets, certains nous paraissent acceptables et d’autres inacceptables. Mais qui fixe les règles?
L’ego
Il est courant d’entendre qu’il faut sortir de l’ego, arrêter d’être égoïste. On admet également que notre société est individualiste. Paradoxalement, en voulant fuir l’ego, on se retrouve à définir de manière radicale et universelle des objets au lieu de partager notre opinion ou notre ressenti. On dit « c’est nul » et non « je n’aime pas ».
Peu importe l’objet de la réflexion, nous lui imposons une valeur universelle en refusant toute autre idée. Et plus il y a de personnes pensant comme nous, plus nous donnons d’importance à notre opinion.
Il est donc normal de ne pas accepter le racisme, par exemple. Mais, s’il est normal de ne pas l’accepter, pourquoi avons-nous du mal à accepter la colère qui monte en nous quand nous sommes confrontés au racisme? Cette colère est la conséquence logique de notre opinion. Elle est naturelle et donc agréable car elle nous rappelle l’identité que nous avons choisie.
Au lieu de ne pas accepter car “c’est mal”, nous pouvons ne pas accepter car nous refusons d’accepter, car nous trouvons cela mal et nous sommes à l’aise avec cette opinion, avec notre ego.
L’ego est notre subjectivité. Cette part de nous, dont on ne peut se dissocier, qui analyse et juge. Et, paradoxalement, la seule façon de “sortir” de l’ego est de l’accepter car seul l’ego veut fuir, refuser, se débarrasser de l’ego car le juge comme mauvais.